Imaginez Liverpool projeté dans une autre galaxie. Un Liverpool où l’expérimentation des années 60 ne s’est jamais arrêtée, où Altamont n’a jamais eu lieu et où Syd Barrett ne s’est pas fondu la cervelle, où le yoga tantrique est incontournable et où, au lieu se splitter, les Beatles sont revenus pour transformer la ville en un gigantesque Ashram.
C’est dans cet univers alternatif que Super Numeri – après le gros succès de leur premier album, “Great Aviaries” et de l’EP qui a suivi, “The Coastal Bird Scene” – a décidé qu’il était vraiment temps de dépasser la pop mainstream, de produire le genre de hit que John Peel ne se serait jamais lassé de présenter dans le Chart Rundown d’un dimanche après-midi. D’où le très hypnotique morceaux de 24 minutes, “The First League Of Angels”, qui ouvre ce nouvel album, “The Welcome Table”. Le ton est ainsi donné : nous avons ici affaire à du rock cosmique, la spécialité du groupe, du rythm & blues tendu jusqu’à rupture, de l’abstract, définitivement.
Mais rappelez-vous que cet univers ne connaît ni le prog rock, ni l’égocentrisme d’un quelconque pseudo-virtuose de l’instrument, mais qu’il prend toute sa dimension dans le groove et la répétition, dans la texture et l’ambiance, dans la toute puissance émotionnelle de la musique.
A moins que vous ne soyez l’auteur de la colonne “ésotérisme“ d’un étrange magazine, il est peu probable que vous ayez l’occasion d’écouter ce mois-ci beaucoup de disques comme “The Welcome Table”. Alors, si vous ne vivez pas encore dans la dimension du Super Numeri – où Michael Moorcock est premier ministre et où les kids reçoivent des hallucinogènes à la cantine – et bien voici l’occasion ou jamais de la visiter.
Bienvenue à tous…