Quand on lui demande d’où l’inspiration pour ce nouvel album lui est venue, il répond : « Il a été enregistré par une autre version de moi dans une dimension parallèle, puis a été transmis à cette version de moi durant de longues sessions de caisson d’isolation ». J’espère que vous suivez, car voici la suite. « J’ai essayé de retranscrire les morceaux aussi fidèlement qu’il m’ont été transmis par mon autre moi. Bien qu’un réenregistrement précis eût été impossible, j’espère que vous, ainsi que toutes mes autres versions penserez : « C’est de la bombe ! » » Et ce ne sont pas des paroles en l’air, il y croit dur comme fer.
Enregistré dans trois home-studios construits pour l’occasion (en Norvège, en Grèce et à Los Angeles), Medicine traduit l’obsession de Pop Levi pour Prince et la frotte à son amour pour Bolan, y ajoute un peu de Paul McCartney, un peu des Stooges des premières heures, un morceau de Lindsey Buckingham et même un soupçon de Peter Gabriel. Tout cela pour un album qui filtre de la pop bubblegum à travers un rituel satanique et du classic rock, un des albums les plus bizarres, les plus drôles et les plus singuliers que vous êtes susceptibles d’écouter en 2012.
Qu’il chante la sérénade à Kenneth Anger (« Terriffying »), qu’il relate le temps passé par R. D. Laing à l’institut Tayistock (« Coming Down »), ou qu’il confronte « cette double personnalité qui réside à l’intérieur de moi » (« Medicine »), Pop est capable d’emballer ses idées dans de magnifiques hooks, de la guitare écrasante et dans son amour pour les choristes fous. Et en toute franchise, rien au monde n’est mieux que des choristes fous. Il peut composer une tendre ballade (« Bye-Byes »), ou faire de l’electro-rock hors-normes (« Records », avec l’aide vocale de l’irrésistible Bunny Holiday), ou bien même jouer avec le blues sur « Remember, Remember ». En fait, il peut faire ce qu’il vuet, tant que ça sonne comme du Pop Levi. Le tout laisse tous les autres fournisseurs de pop-rock à base de guitare sur le carreau, un peu plats, fades. Pop combine des techniques de prod sauvages à des riffs de guitare massifs : que demander de plus ?
Donc bien sûr, rien ne vous empêche de continuer avec vos trucmuches et autres machins choses, votre sentiment cool, sûr et de bon goût sur ce que tout le monde pense que tout le monde fait. Pas de soucis. La vie ne dure qu’environ quatre-vingts ans après tout, et mieux vaut passer la majorité de cette période à vous soucier de votre apparence aux yeux des gens qui vous entourent. Ou alors, montez donc à bord du véhicule d’un doudingue glam-funk multidimensionnel, et pour une fois, plongez sans savoir où vous atterrirez. Ni même si vous vous en souciez.
Finissons sur ces mots du concerné : « A ranger dans le dossier : Rock du futur, vous alourdira l’âme. » La messe est dite.