Quand il réécoute son premier album, Lorn avoue qu’aujourd’hui il le trouve plutôt strict et froid. « Ask The Dust », au contraire, est « hanté, huileux, visqueux », et cette description lui permet de capter un peu de l’intense vivacité de la musique.
Même si Lorn, originaire de Milwaukee, a amorcé sa carrière musicale en tant que poète de l’aliénation, « Ask The Dust » (qui doit son nom au roman pré-Beat de 1939 de John Fante) voit sa musique développer ici une énergie plus humaine. Cette dernière se manifeste dans l’utilisation de la voix de Lorn (chose qu’il avait déjà faite pour le dernier track de « Nothing Else », « What’s The Use »), ajoutant une nouvelle dimension à sa musique électronique pleine de mordant, brutale mais néanmoins magnifique.
Prenez « Weigh Me Down », par exemple, titre dans lequel Lorn se rapproche étonnamment de la soul erratique. A force de chercher des superlatifs musclés, il peut être facile de passer outre le fait que sa musique est aussi incroyablement mélodique. En effet, un titre comme « The Well » (ou « quand une bande-son est enterrée vivante ») est mémorable de par sa mélodie qui vous obsèdera encore bien après la fin du morceau.
« Dead Dogs » joint des chœurs spectraux à de la batterie explosive (c’est l’un des trois morceaux comprenant des percussions live). « Chhurch » combine la sensation des débuts de la musique électro avec le style très développé de Lorn (initialement écrite en tournée, GonjaSufi lui a trouvé des paroles mais ne les avait jamais enregistrées, à par sur son iPhone). Mais c’est dans un morceau comme « Ghosst » qu’il nous montre l’énergie pure de l’engin qu’il manie. C’est à la fois exaltant et un un peu terrifiant.
Parmi les autres morceaux à souligner, on retrouve « This », qui d’une certaine manière peut être défini comme un coup d’éponge sur un tableau noir. Une séquence simple nous permettant de remettre les compteurs à zéro, un mantra afin de calmer les nerfs. « Diamond » est l’un des premiers morceaux à avoir été écrit pour « Ask The Dust », et ce alors que Lorn, dans un ultime besoin de solitude, se trouvait encore dans le nord du Wisconsin, avec vue sur le vaste lac se trouvant près de la maison bâtie par son grand-père.
Depuis la sortie de « Nothing Else », Lorn a parcouru le monde auprès d’artistes tels que Mary Anne Hobbs, Amon Tobin et GonjaSufi pour ne citer qu’eux. Il est devenu l’heureux possesseur d’une B5 A4, et à l’image de son dévouement pour l’art et la musique, il n’a pas tardé à la démonter pour mieux apprendre à la remonter. « Ask The Dust » nous laisse à penser qu’il a appris à faire de même avec ses émotions.
Mercy
Ghosst
Weigh Me Down
This
Diamond
Everything Is Violence
The Well
The Gun
Dead Dogs
Chhurch