Portée par l’ambition d’explorer plus en profondeur les possibilités de synthèse entre l’électronique et l’acoustique, la collaboration entre le quintet instrumental Kneebody et le musicien électronique Daedelus propose une vraie confrontation de deux approches distinctes de la musique.
La théorie de la singularité technologique – l’idée selon laquelle les humains et les ordinateurs vont de plus en plus se confondre – a été abordée dans de nombreuses formes de la culture populaire depuis sa conception. Ces deux dernières décennies, on constate une tendance de plus en plus courante d’associer les artistes électroniques et les musiciens de jazz – les premiers étant le plus souvent utilisés comme des faire-valoir dont les séquences flottent au-dessus de la musique plutôt que comme des membres à part entière de l’ensemble.
La fusion entre Kneebody (le clavier Adam Benjamin, le trompettiste Shane Endsley, le bassiste Kaveh Rastegar, le saxophoniste Ben Wendel et le batteur Nate Wood et Daedelus fut initiée dès le lycée par les vieux amis que sont Alfred Darlington (alias Daedelus) et Ben Wendel.Quand je vivais à LA, j’allais souvent répéter chez Alfred, dans la salle de bains attenante à son studio, raconte le saxophoniste. Régulièrement, il frappait à la porte et me demandait ‘tu veux bien venir jouer sur ce morceau ?’. Je me suis donc retrouvé sur cinq ou six de ses albums parce que j’étais dans les parages.
Cette entente musicale de longue date s’est matérialisé en de nombreux enregistrements et performances live au fil des années, arrivant à maturité à l’occasion d’un concert improvisé au festival français Jazz à Vienne en 2009. Quand Wendel se vit attribuer une bourse de composition de la Chamber Music America basée sur la théorie de la singularité technologique, ce fut le moment pour lui de se lancer dans l’écriture d’une série de pièces qui combleraient le fossé entre l’univers indescriptible de Kneebody et l’esthétique unique de Daedelus.
Quand le quintet entra en studio avec Daedelus, ses autres membres apportèrent de nouvelles compositions. « Ben est venu vers moi pour me dire que la musique qu’il venait d’écrire lui semblait différente de la pyrotechnie très écrite de Kneebody, qu’on était ici sur quelque chose de plus intime » se souvient Darlington.
Le résultat est un set original de dix morceaux qui s’inscrit dans la riche tradition de la musique instrumentale mais qui brille d’un lustre moderne et prend la forme d’une bête à plusieurs têtes chevauchant le rock, le jazz et la musique électronique qui ne pouvait trouver mieux que le label Brainfeeder pour l’apprivoiser.
EP Kneedelus disponible en digital sur Brainfeeder / Itunes.
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