Le premier album de Jean Dasso, multi-instrumentiste et producteur français plus connu sous le nom de Yeahman, sortira en 2021 sur le label « Wonderwheel Recordings » (Quantic, Chancha Via Circuito, DJ Khalab, …).
Son nom “Ostriconi” fait référence à une vallée Corse (France), paysage protéiforme presque surréaliste, dans lequel on aime à se perdre et se lover pour laisser échapper nos souvenirs. A la manière d’un voyage au pays des songes, on y traverse sans transition une rivière mélancolique et des montagnes mystiques pour arriver à une mer dansante et ouverte sur le monde.
Entièrement enregistré et produit par ses soins au gré de ses rencontres, entre Toulouse, Dakar, Naples et Marseille, il nous livre ce premier opus comme un appel à se réunir dans un monde en veilleuse ou les danses se sont éteintes. Et nous invitent par sa musique, à rêver naïvement à des lendemains qui se réveilleraient doucement.
L’album s’ouvre sur une collaboration entre la guitare de Jean et la voix de Mina Shankha, sous la forme d’une ballade orientale qui nous emporte dans un voyage aux rythmes fermes et entraînants dès les premières notes de « Deelahli »
Liane et Véra, sœurs et chanteuses de « Aluna Project », rendent hommage à une nature qui nous parle, qui nous tend des bras remplis de richesses qu’il nous faut préserver afin de pouvoir y goûter. La guitare de Kino, troisième membre du groupe, apporte la touche de fraîcheur et de douceur dans la chaleur tropicale de « Baixi Baixi ».
« Soupe Feu » intervient ensuite comme un retour aux sources de Yeahman, avec des mélodies percussives et samplées, laissant percevoir le potentiel dansant de l’artiste. Ce morceau rend hommage à un autre EP de l’artiste, « Transborda » (Frente Bolivarista, 2017), tout en démontrant la maturité de ce nouvel opus.
« Sakoneta », dont les koras et les guitares enregistrées à Dakar accompagnent un murmure obsédant, sonne comme la pierre angulaire d’un projet aux multiples facettes. Premier single de cet album, il réhausse le tempo et nous propulse dans un voyage presque disco aux sons des synthétiseurs et caisses claires des années 80.
Omar Zidia, leader du groupe « Ezza », nous propose ensuite un conte sur la dignité dans une composition blues touareg électronique avec « Ouloullou », qui nous invite à ressentir l’atmosphère de la communauté réunie autour d’un feu de camp millénaire.
L’Argentine Aluminé Guerrero nous propose une composition personnelle traditionnelle, aux mélodies envoûtantes relevées par la flûte andine, habillées d’un groove électronique résolument dansant. La chanson « Sueño Contigo » résonne comme la confidence d’un rêve, d’une rédemption curative, à deux.
L’album ne saurait être complet sans passer par une phase introspective et intime, contemplative et remplie d’interrogations. « GLI-F4 », avec ses boucles de guitares et de pianos qui se questionnent et se répondent, emplit notre écoute d’une teinte embrumée. Les synthétiseurs tranchent brusquement et matraquent le tempo d’une transe ruminante.
Mina Shankha et Hajna, co-auteurs du populaire « Miniyamba » (Shika Shika, 2018), ont répondu à l’invitation de Yeahman pour revisiter un classique de la culture cumbia péruvienne, « Cariñito ». Dans cette petite bombe destinée aux dancefloors, Mina Shankha allie sa voix suave et sincère aux accords tranchants de Ukulélé de Hajna. Sublimés par les marimbas et percussions propres à l’univers de Yeahman, l’interprétation donne un coup de jeune jouissif à cette œuvre traditionnelle du répertoire andin.
El Buho, complice de Yeahman, co-signe l’ultime morceau de l’album. « Lecce 74 » est une ode mélancolique, qui nous ramène doucement à la réalité, alors que la mélodie d’une comptine pour enfants résonne dans l’atmosphère de ce voyage aux multiples influences.