Début 2011, de passage au QG de Ninja Tune pour offrir des coussins en forme de boîtes à rythmes 808, Luke Vibert annonça qu’il venait à peine de retrouver quelques DAT perdues depuis longtemps, jamais écoutées auparavant datant de « 1995-1998 » et intitulées « Plug ».
Nous sommes convaincus que cela devrait en exciter plus d’un (en mode pogo barbu), mais voici un rapide récapitulatif pour ceux que cela laisse de marbre…
En 1996, Blue Angel Recordings (qui deviendra par la suite Blue Planet), une marque du légendaire label Rising High, publia l’album « Drum’N’Bass for Papa » de Plug ,AKA le roi de l’Ouest de la kitschtronica/kitschtronique Luke Vibert, qui à cette époque n’avait publié que sous le surnom de Wagon Christ. La pochette de l’album représentait une vieille photo de son grandpère Frank, magicien professionnel, accentuant ainsi l’étrangeté de manière adéquate. L’album passa complètement inaperçu auprès des puristes de D’n’B de l’époque. Néanmoins nombreux sont ceux qui le saluèrent par la suite, et il reste aujourd’hui l’un des albums les plus acclamés parmi ceux ayant émergé de la scène électronique hyperactive et très influente du sud-ouest de Londres dans les années 90. Aux côtés de personnes telles qu’ Aphex Twin, Tom Middleton, Grant Wilson-Claridge et Jeremy Simmonds, et loin des lumières et de la police des grandes villes, ils organisaient des soirées club, remplissant des cassettes de nouveaux sons, détournant les radios pirates et se délectant de tout ce qui était original, bizarre et jamais entendu auparavant. Et bien qu’il soit indéniable que le talent individuel de chacun d’entre eux n’est pas à remettre en question, ce fût à chaque fois le fin sens de l’humour et le funk de Vibert qui lui permirent d’évoluer au point de sortir un album aussi marquant que « Drum ‘N’ Bass for Papa ».
C’est ainsi que quelques années plus tard, avec une longueur d’avance, Vibert agita la D’n’B. Jusqu’alors, aucun disque se démarquant des canons stéréotypés n’avait été publié. En tant qu’album pré-Jungle non destiné aux clubs, il fût comparable à un éclair d’excentricité tombé de nulle part qui choqua bon nombre des contemporains de Vibert, mais qui en influença plein d’autres, notamment Squarepusher.
Au même moment, l’agent des Chemical Brothers se jetait sur Wagon Christ, le projet de Luke, pour son troisième album. Un nouveau nom était donc nécessaire à cette production d’n’b excentrique: ainsi naquît Plug. Jusqu’à aujourd’hui, Plug n’a sorti qu’un seul album (seul un homme aussi humble que Luke Vibert pouvait garder dans ses cartons un album entier de morceaux électroniques de haute qualité pendant plus de quinze ans sans le sortir). Les dix pistes de l’album comportent entre autres le style vocal proto-garage de « Feeling So Special », les orgues de foire déments de « No Reality », « Come On My Skeleton » au titre hilarant, le mix old-school de « Mind Bending », les bollywoodismes tordus de « A Quick Plug for a New Shot », le tout impeccablement servi sur son lit de Jungle certifiée. Parce qu’il sonne comme une production moderne tout en étant un classique d’une icône de l’électronique, « Back On Time » est un album qui devrait plaire et attiser la curiosité de quiconque s’intéressant à l’évolution de la musique Dance.
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