OY (alias Joy Frempong), la chanteuse Suisso-Ghanéenne aux multiples talents fait certainement partie d’une espère rare : à la fois à l’aise dans un son excentré, et doté d’un penchant pour l’écriture de mélodies inoubliables et dont on peut difficilement se débarrasser.
Trois ans après son premier album enjoué First Box Then Walk (dont le premier pressage fut rapidement épuisé, et qui l’emmena en tournée), OY est de retour avec une offrande : un nouveau LP intitulé de manière cryptique KOKOKYINAKA. Le résultat fait plier les genres, un ragoût généreusement assaisonné d’electronica aux accents africains, le tout accompagné d’une garniture d’histoires somptueuses et de proverbes colorés. Tout cela est empaqueté dans un disque conceptuel et mélodique conçu comme la bande son d’un road-trip à bord d’un poids lourd.
La voix de Joy reste muable tout du long, changeant de palettes de couleurs, de textures, de styles et changeant même d’accents avec une aisance digne d’un caméléon ; un peu comme les histoires qui y sont racontées et qui relient entre eux des dialogues entendus au hasard, des proverbes et des contes populaires, parfois d’une seule traite.
La base de samples très dynamiques inclut un parachute, des bruits de foufou en train d’être pilé, des feux d’artifice et une chaussure. Tout comme les histoires animées, ces samples ont été en grande partie enregistrés lors de voyages au Mali, au Burkina Faso, au Ghana et lors d’un séjour en Afrique du Sud. L’écriture et la composition du disque à proprement parler ont eu lieu dans des studios à Berlin sous la houlette du batteur talentueux, producteur et co-auteur Lleluja-Ha.
Ses percussions structurales et son don pour les arrangements bien étoffés est présent tout du long. KOKOKYINAKA est une œuvre mature qui exhibe la versatilité de Joy Frempong en tant que compositeur, chanteuse et conteuse, mais c’est avant tout un témoignage de son approche unique de l’electronica : fulgurant, complètement expérimental et pourtant submergé de mélodies attendrissantes.