Homelife n’est pas une entité définie. Il est difficile d’étiqueter leur son, de dire combien il y a de personnes dans le groupe ou même de dire à quel groupe ils appartiennent ! Presque chaque morceau de Homelife a une formation différente. Pas tout à fait un collectif, Homelife est plus une équipe de musiciens dont les talents sont canalisés par leur entraîneur peu enthousiaste, Paddy Steer.
Il y a une éthique du bricolage qui est évidente chez Homelife. Tout est enregistré chez Paddy, et les musiciens font leur partie par petits groupes. Avec 15 à 16 collaborateurs sur l’album le plus récent, Cho Cho, la technique du coup par coup prend tout son sens et Paddy reconnaît qu’il n’est pas possible pour le groupe de se retrouver en studio dans son entier. « Ce n’est pas comme les Monkees, on est pas tous ensemble dans une pièce. Il y a encore 10 ans, Homelife n’aurait pas été réalisable, mais les progrès technologiques ont rendu le projet possible », dit Paddy. Alors que la majorité des intervenants est basé à Manchester, le chanteur Faron Brooks habite à Vancouver Island au Canada et Simon King, un membre clé, est basé à Londres. Mais la technologie, encore une fois, abat ces obstacles à la création et Paddy voit même un aspect positif aux déplacements de Faron. « Cela veut dire que l’on a plus de contrôle éditorial sur ses vocaux », précise-t-il avant de comparer ce fonctionnement à celui de Portishead et de leur chanteuse.
Homelife gravite autour de son noyau dur : le bassiste Paddy Steer, et les guitaristes, Tony Burnside et Simon King. Ils écrivent et produisent la plupart des morceaux, bien que, précise Paddy, d’autres personnes y contribuent, dans un processus de composition organique. Les percussions sont réalisées par l’association de Icarus Wilson Wright, Richard Harrison, James Ford et Jason Self. Pour la section cordes, la violoniste Rosie Lowdell et la violoncelliste Semay Wu ; Seaming To au chant. Seaming partage son nom de baptême avec Semay – « mer » en chinois – mais choisit une orthographe différente. Les voix masculines sont assurées par Faron Brooks. Mais comme toute chose, Homelife, ce n’est pas si simple que ça. La majorité du groupe est multi-instrumentiste et il y a par conséquent un certain niveau de promiscuité. La moitié des musiciens joue dans le projet Toolshed, dirigé par Graham Massey de 808 State, qui leur renvoie la pareille en jouant de la clarinette et du saxophone avec Homelife.
Paddy est entré dans la musique avec le punk et le premier groupe qu’il vit en concert fut The Clash. Il alla à l’école avec Faron, qui commença sa carrière musicale avec le thème d’une émission de télévision pour enfants, « Why Don’t You ». Ils firent un groupe de reprises des Beatles et d’Elvis jusqu’à ce que la famille de Faron émigre au Canada.
En 1985, Paddy rejoint Yargo où il rencontra Tony Burnside. Il décrit leur musique comme étant clairsemée, dubby, funky. Un deal avec Londres se conclut par 3 albums : Bodybeat, Communicate et l’album live Prickly But Sweet. Malgré le succès et quelques fameux concerts en France, le groupe splitta en 1990. Quand on demande à Paddy ce que Yargo lui a apprit, il répond « qu’il faut payer ses impôts avant d’être fauché ».
En même temps que Yargo, Paddy faisait partie du premier groupe de Graham Massey, Biting Tongues, à mi-temps. Il s’en sépara en même temps que Yargo se défit. Justin Robertson, qui avait remixé un morceau de Yargo mais qui n’avait pas encore rencontré le groupe, lui demanda d’intégrer Lionrock en 1996, après le premier album. C’est un projet qui dort encore.
Homelife se forma en 1997 avec Paddy, Tony et Simon. S’en suivit une réunion surprise avec Faron : « Je rentrais chez moi il y a trois ans et il était là. Sa famille était revenue. Avec une voix comme la sienne, je pensais qu’il aurait fait des disques, mais non. Je me suis dit qu’il fallait y faire quelque chose et je lui demandai de chanter pour nous ».
Le premier album, Homelife, sortit chez eux sans aucune promotion de major. Cette stratégie volontairement discrète entraîna une réponse non moins discrète, qui ne rend pas justice à l’album. Son successeur, Cho Cho, en 1999, fut financé par l’héritage de la grand-mère de Paddy et eut le même impact. Le happy-few de mélomanes qui connaissait Homelife, se gardait ses amples mélodies pour eux. Malgré les efforts de Paddy pour éviter toute détection, des labels commencèrent à dresser à l’oreille ; surtout après une apparition live des plus remarquée au Band On The Wall de Manchester. Cependant, Homelife attend joyeusement son heure. Essayant de se concentrer sur la musique sans avoir à se soucier des considérations d’un Directeur Artistique. Homelife nous apporte une certaine liberté. Le reste suivra naturellement.