Liam Farrell est né à Dublin, en 1968. Il rejoint en 1990 le mouvement hip-hop hexagonal alors en plein essor. Musicien, compositeur, producteur ou remixeur volontiers discret, le bon Doctor a opéré sur un panel d’artistes étourdissant de Tony Allen à Antibalas, Assassin, David Walters, James Blood Ulmer, David Murray ou The Last Poets, en passant par Rodolphe Burger, BAshung, Arthur H et Asa.
Derrière ses Black Cowboys, on trouve Cubain Kabeya, batteur percussionniste de Kinshasa, membre des Benda Bilili, du groupe Jupiter et musicien du collectif DRC avec Damon Albarn. Il y a aussi Kiala Nzavotunga qui vient de Lagos. Guitare et voix, il fut un compagnon d’armes de Fela (jusqu’en 1983), puis un pionnier hexagonal avec Ghetto Blaster. Il apporte ici le souffle ardent de l’afrobeat. Il fait la paire avec Ngnima aka Tie la poétesse sénégalaise dont le verbe explore les voies de l’oralité, tel le Tassû et le Spoken Word, et complète le discours de ces noirs cow-boys. Depuis dix ans, Doctor L poursuit cette même vision d’une musique protéiforme, qui fait se rencontrer le passé, le présent et l’avenir dans un retentissant big-bang temporel. Depuis dix ans, pour tenir ce pari fou, Doctor L crée en continu dans son home studio de Saint Ouen et lance des invitations tous azimuts : New-York, Paris, Londres, Lagos, Berlin, Bamako, Marseille… Le monde entier transite au deuxième étage de son repère foutraque et embarque vers un ailleurs cosmique.
Ecoutez « Prison » EP
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A l’image d’un peintre ou d’un sculpteur, Doctor L habite ce foyer artistique comme un atelier, où prennent vie des histoires humaines, sonores et graphiques. We Got Lost est le second volet d’une trilogie de ces enregistrements artisanaux, une photographie sépia et psychédélique d’une décennie de rencontres, à l’image de la pochette du disque, aussi imaginée et conçue par Doctor L. Selon les morceaux, on le retrouve aux manettes, à la guitare électrique, aux percussions, au synthétiseur ou à la basse. Mais aussi à l’image, à la photographie, à la réalisation de ses clips. Doctor L avance masqué, multiplie les projets sous différentes identités, des labels éphémères, remixe ses propres albums, en orbite du système musical et en perpétuelle recherche du son de demain.
Avec We Got Lost , il ré-apparaît dans la lumière, en grand ordonnateur de plages musicales, sous d’irradiants soleils analogiques et numériques. Album de rencontres, We Got Lost replace la création au centre de tout, comme l’ultime essence de la vie, là où politiques et économies ont échoué. De Brooklyn à Lagos, sa famille artistique lui accorde une confiance totale : prête à planer, yeux fermés et micros ouverts, elle le suit dans ses pérégrinations musicales.