En utilisant tout l’espace octroyé par le format album et en passant plus de temps à écouter du Gang Of Four que de l’EDM, Ewan Robertson fait s’entrechoquer des styles, des instruments et des idées tel un pâtissier du XIXème fou et anarchiste à qui l’on aurait confié un robot Moulinex. Le résultat est certes exaltant, drôle et à la pointe de ce qui se fait de nos jours, mais aussi très touchant. Très peu de musiciens de la scène électronique composent des morceaux si personnels, une véritable émanation de leur personnalité.
Ainsi, alors qu’un morceau comme « Downer » a cette émotivité 16/9 que l’on attend de cet Aberdonien vivant à Londres, « Venom » vibre au son d’impulsions rythmiques et de malice décalée, et « Slip » s’illustre comme de l’hip-hop épique. « Bake Haus » lui-même est une sorte de slow-jam déconstruit au milieu duquel on peut entendre du post-rock, du bruit blanc et des ordinateurs défaillants. Sur cet album, Robertson mélange des tracks, des sons, des styles, des humeurs et en extrait une œuvre musicale continue, dans laquelle les mélodies individuelles sont moins importantes que la façon dont elles sont rattachées les unes aux autres. Nous nous retrouvons face à une suite musicale courte, viscérale, parfois magnifique, et qui devrait figer dans le marbre le nom d’Offshore comme un artiste incontournable de la nouvelle musique électronique, tout en suscitant l’intérêt à l’égard de son album prévu l’année prochaine (ceci n’est qu’une mise en bouche).
Depuis la sortie de son premier EP chez Stuff/Numbers et ses deux EP chez Big Dada, le buzz autour d’Ewan Robertson n’a fait que grandir encore et encore. A force de combiner du grime, du dubstep, du hip-hop, de la musique électronique et bien plus pour en faire un son unique et déglingué, Offshore ne risque pas de rester dans l’ombre très longtemps.