LNDFK (Linda Feki) est une chanteuse et auteure-compositrice, née de deux cultures – une mère italienne et un père arabe. Elle a grandi à Naples, loin de son père, du Sahara, de sa patrie et de ses traditions, ce qui a contribué à nourrir le désir de redécouvrir – à travers l’art – un engagement envers ses racines. Sa musique mêle des influences jazz, néo-soul et hip-hop, le tout enrichi de ses expériences personnelles et sa sensibilité.
Elle présente un premier album novateur, « Kuni ». Indéniablement en plein essor après sa performance intimiste en 2019 au Primavera Sound, ses chansons ont attiré l’attention de Pitchfork, Rolling Stone, Clash Magazine, Noisey et Brooklyn Vegan, entre autres, ont été en rotation constante sur de nombreuses stations de radio de la BBC (parrainés par Gilles Peterson, Tom Ravenscroft et Jamz Supernova), et ont été diffusées sur des playlists prestigieuses Spotify comme « Pollen » et « Fresh Finds ». «
« Kuni » est une exploration dichotomique envoûtante : Amour & Mort (Eros & Thanatos), Fleur & Feu, Délicatesse & Violence, Poésie & Réalisme, Purification & Destruction. Ces oppositions sont réifiées par des sonorités multiformes et diverses, surfant allègrement sur une variété de styles et genres. Linda, qui supervise l’album aime à mettre en avance l’ensorcelante création de Darrio Bassolino qui a co-écrit cet album de 10 pistes.
L’album s’ouvre sur « Hana-bi », un morceau purement instrumental et ambiant qui donne son ton à l’album. Il est inspiré par le film du même nom de Takeshi Kitano sorti en 1997 – en particulier la superbe bande originale de Joe Hisaishi – ainsi que les peintures de Kitano que l’on voit dans le film. « Hana-bi » est un dialogue opposant fleurs et feu, la première des nombreuses représentations dichotomiques présentent tout au long de l’album. Bien que doté d’un son éloigné, « Takeshi » se place dans la continuité d’ »Hana-bi », avec sa batterie entraînante et très syncopée – à la manière d’un Karriem Riggins, Questlove ou Yussef Dayes – sa ligne de basse frénétique et ses accords jazz.
La voix sensuelle de Linda est entrecoupée façon « scat », elle est utilisée comme un instrument supplémentaire, ajoutant de la richesse à la texture de la chanson. « Kuni » prend véritablement son envol avec le titre « Smoke – a moon or a button » (titre tiré du livre de 1959 de Ruth Krauss et Remy Charlip), qui à la structure d’un standard de jazz mais qui ne dédaigne pas les territoires sonores « néo-soul » avec ses tambours époustouflants – un sommet du genre.
LNDFK aborde le hip hop expérimental dans deux chansons du disque (toutes deux sorties en single en 2021) : « Don’t Know I’m Dead or Not (feat. Chester Watson) » – piste n°4 – et « How Do We Know We’re Alive (feat. Pink Siifu) » – piste n°9. Bien qu’elles embrassent un son plus hip hop, ces chansons ne détonnent pas avec le thème général de l’album, les deux étoiles montantes de la scène rap alternatif, Chester Watson et Pink Siifu, se chargent d’offrir des couplets provocants et impressionnants, combinant des jeux de mots denses avec des flows non conventionnels.
« Ku » – le troisième et dernier single avant la sortie de l’album – fait évoluer le son de la « future soul » préétabli tout en naviguant à travers le « nu jazz » et « l’électronique expérimentale ». Inspiré du roman graphique et du film « Sin City », et surtout du destin de son héroïne et tueuse Miho, « Ku » est l’interprétation musicale de son histoire, laquelle débute par l’évocation de sa beauté, viennent ensuite ses tendances meurtrières le tout dans un rythmique qui va crescendo atteignant son point culminant dans un final ambiant, embrassant tout à la fois; la vulnérabilité et la paix intérieure du personnage