S’il vous plait, une salve d’applaudissements, aussi craintifs et inconfortables qu’admiratifs et sincères, pour le premier cinglé (le seul ?) de Ninja Tune, j’ai nommé King Cannibal, alias Zilla, alias Dylan Richards. Grace à ses mélanges industriels, sans compromis, de sons et de rythmes issus du dancehall et de la drum&bass, King Cannibal et sa musique sont qualifiés de « too dark » par les animateurs de radios anglaises. Mais c’était avant qu’ils ne découvrent « Let The Night Roar », un album totalement obsédé par la violence sous toutes ses formes dont le titre est inspiré d’une phrase du célèbre psychotique Jim Jones (le mec de Jonestown Massacre). Jusqu’à il y a un ou deux ans, Zilla était plus connu pour ses mix tapes, dont « A Friendly Game of Chess » (avec Buddy Peace), « One Foot In The Fire, One Fist In The Air » et la compilation « Watch And Repeat Play » pour Warp (toujours avec Buddy Peace). King Cannibal est quant à lui apparu lorsque Richards commença ses expérimentations avec une palette sonique drum&bass sur des rythmes dancehall. Le morceau originel : « Aragami Style ». Et ce n’est pas pour rien si Amon Tobin l’a décrit comme « un titre énorme… le rêve humide de beaucoup de DJs! ».
Richards a utilisé ce morceau comme rampe de décollage pour l’album « Let The Night Roar ». Comme il le dit, « cet album est vraiment de moi, il porte tous les éléments essentiels du son ‘brutal deluxe’ de King Cannibal. Je n’ai cependant jamais vraiment eu pour but de faire de la musique autour d’un thème” s’explique Richards, “mais à mi-chemin il est devenu très clair que quelque chose s’était constitué indépendamment de ma volonté. C’est de toute évidence, d’un point de vue du son, un travail très violent. Mais comme la plupart des albums qui abordent le sujet se replient sur des liens avec les films d’horreur, moi j’ai vraiment essayé de rappeler ce qui se passe dans la vraie vie, en bas de nos fenêtres, dans notre cour et dans nos petites vies. Nous sommes pris au piège en pensant tous de la même façon, en faisant des choses que nous ne voulons pas faire, nous ne vivons que pour repousser nos ambitions à plus tard. Avec mon album, j’ai finalement essayé de rompre ça avec une violence positive, en laissant rugir la nuit, la nuit où nous ferons ce que nous voulons vraiment faire ». Tension et libération, excitation et peur, sexe et violence, tous les éléments d’une grande musique sont ici. Ayez peur. Ayez très peur.
King Cannibal – Let The NIght Roar Promo Mix by King Cannibal 3