Il est totalement approprié que « Raw Money Raps » s’ouvre sur un Jeremiah Jae en train de se souvenir d’un réveil ayant eu lieu suite à une journée chimérique. Après avoir acquis une maîtrise kaléidoscopique à force de démos, EP et autres mixtapes qui ont fait chauffer les connexions Wi-Fi, et quitté la venteuse Chicago pour le QG du crew de Brainfeeder à LA, Jae dévoile son premier album. Bien plus qu’un simple album, il s’agit là d’un rêve fiévreux de rap artistique aux accents pynchonien, bon à alimenter les Tumblr et autres réseaux sociaux. C’est un choc entre les mondes analogique et numérique qui donne naissance à des beats sournoisement accrocheurs similaires à des trips psychédéliques supersoniques. Et c’est tout cela à la fois qui engendre le flow de Jae, flow qui est un instrument versatile à lui tout seul: des coups rapides et précis suivis de surprenants chants mélodieux, des rythmes lourds et hachés, et des torrents de conscience prêts à inonder les cerveaux.
De nos jours, être à la fois un jeune producteur et un MC n’est pas chose aisée. Cependant, compte tenu du style et de la substance foisonnants et de la démocratisation d’internet, rarement le moment de laisser sa marque aura été aussi propice. Plutôt que de plonger la tête la première dans le revival des années 90, Jae développe des tracks et des lyrics qui relient la technologie et la métaphysique d’une manière très contemporaine, révélant ainsi un penchant pour l’introspection. Cette approche singulière de la musique est sans doute une conséquence de la double personnalité de l’artiste visuel qu’est Jae. De par son travail dans le domaine des beaux-arts (peinture, collages et stylisme), la production de Jae le place au même niveau que des génies multi-médias tels que feu Rammellzee.
Le premier single de « Raw Money Raps », Money, est un tube de l’été qui ensoleillera les chaudes journées ennuagées à venir. Le titre sera accompagné d’un clip conforme à cet esprit réalisé par le camarade Flying Lotus. Un autre titre remarquable, Money and Food, s’empare des synthés déséquilibrés et des boîtes à rythmes du rap pour les filtrer à travers le prisme de Jae. La portée de l’album est telle qu’il comporte des titres destinés à distribuer des torticolis (Rover), du classique chargé d’instruments à cordes (Cat Fight), du futurisme profondément psychédélique (Hercules Versus the Commune). Ce faisant, il devient la plus brillante des stars montantes de 2012. Soyez prêts pour le voyage de Jeremiah Jae.
Ainsi parle Jeremiah Jae de Money, le premier single de son épique album « Raw Money Raps », à paraître chez Brainfeeder. A travers une douce boucle de guitare Focus et des claquements espacés, Jae passe du fredonnement décoloré par le soleil à un flow rapide puis à des balbutiements hachés suintant de codéine.
Selon Jae, ces trois personnalités vocales représentent les trois points de vue de la chanson :
1 – L’homme riche clamant sa coupure du monde matériel
2 – La lutte émotionnelle du l’homme pauvre qui gagne puis perd de l’argent
3 – Le rêveur dont l’objectif premier est de s’enrichir de quelque manière que ce soit.
Jeremiah Jae – « Raw Money Raps »
Album disponible le 23 juillet (EU/Reste du monde) / 24 juillet (USA) (Brainfeeder)
1. Man (Revolution Pt. 1)
2. Guns Go Off
3. Greetings ft. Tre
4. Rover
5. Leaders
6. Ignorant Mask ft. K Embry
7. Cat Fight
8. Tourist
9. Money and Food
10. Wires
11. Seasons
12. False Eyes
13. One Herb
14. The Great Escape
15. Raw Money (Passage)
16. Money
17. Guerrilla (Evolution Pt. 1)
18. Hercules Versus the Commune
19. Cable
Money EP
1. Money
2. Money and Food
3. Money and Food (Remix)