Forro In The Dark fait danser les gens comme ils ne se rappelaient plus pouvoir le faire. Ils suent, sautent en l’air et ne s’arrêtent plus pendant des heures. Pendant les quatre dernières années, Forro in the Dark s’est établi au club Nublu à New York. Tous les mercredis soirs, ils créent des files d’attente incroyables sur l’Avenue C, qu’il pleuve, vente ou neige. Quand un groupe vous fait un tel effet, vous continuez à venir.
A l’écoute, tout semble simple, Forro In The Dark joue une musique loin de toute complexité: de la « Brazilian Pop » des chansons pour le peuple. Une rumeur dit que le nom « Forro » (musique traditionnelle brésilienne) aurait pris son nom d’un défaut de prononciation de la langue anglaise « For All » (« Pour tous »). Dans sa forme la plus commune, popularisée par Luis Gonzaga, le Forro est joué en trio. Les instruments sont le Zabumba (un tambour joué au maillet), le triangle et enfin l’accordéon. Bien sûr, nulle tradition n’est immuable. Le Forro s’est donc décliné en plusieurs branches. Les groupes partent du trio de base avec accordéon et vont jusqu’à des ensembles agrémentés de boîtes à rythmes et de guitares électriques, ou de simples formations où les gens tapent du pied, frappent des mains et chantent à l’unisson. Mauro Refosco,le leader de Forro In The Dark explique qu’ « au final, le but est juste d’aider les gens à aller mieux ». Il doit savoir de quoi il parle, car lui et son groupe ont donné du bon temps aux gens depuis le jour de la naissance de la formation en 2002.
Tout commença à un anniversaire. Mauro organise une fête au Nublu, y invite des amis à jouer et tout le monde se trouve littéralement subjugué. Deux semaines après cette soirée, le groupe réinvestit le club et la résidence du mercredi soir devint totalement une transe.
Suivant initialement la plus pure tradition du genre, l’approche musicale commença à changer, de par l’enchainement de concerts au club et les collaborations de différents membres (tournant avec des artistes aussi variés qu’Enrique Iglesias, Tom Waits ou Beck). Petit à petit, ils mirent donc de côté l’accordéon, pour agrémenter leur solide base rythmique de guitares, voix et divers instruments à vent. Sans ajouter d’électronique ni enlever l’émotion essentielle de la musique, Forro In The Dark remet au goût du jour un genre qui divertissait les brésiliens depuis plus d’une centaine d’années déjà.
« Bonfires Of Sao Jao », premier album de Forro In The Dark annonce clairement la couleur. On retrouve une belle pléïade d’invités : David Byrne sur « Asa Brança », Miho Hatori (de Cibo Matto) sur « Paraiba », Bebel Gilerto sur une version de « Wandering Swallow ». On y voit aussi l’un des percussionnistes du groupe, Gilmar Gomes, s‘adonnant presque au MCing sur le bouillant et dansant « Que Que Tu Fez ». Le reste de l’album retrace l’histoire du Forro.
Dans toute la simplicité de Forro In The Dark, il n’y a rien qu’ils ne puissent incorporer. Qu’ils jouent le Forro dans sa forme basique ou déploient le style à travers de nouvelles expériences sonores, leur son une sincérité organique. « Bonfires Of Sao Jao » amène le groupe au-delà de sa simple capacité à faire danser, le disque les projette dans une dimension toute autre, les positionnant dans quelque-chose de plus grand, quelque-chose touchant le monde dans sa globalité…