Il a sorti des albums chez Planet Mu, a assisté Radiohead (il a une place de choix dans la playlist de Thom Yorke), et a remixé The XX, Scuba et Mount Kimbie pour ne citer qu’eux. Il a aussi son propre label, Blueberry Records, et c’est en collaboration avec ce dernier que Ninja Tune présente Hardcourage.
Hardcourage est le chef-d’œuvre de Lustman le new-yorkais : un opus électronique inspiré par l’amour, et élaboré avec une détermination et un dévouement renouvelés. Lustman mentionne souvent ses tentatives de canaliser la musique dans sa tête afin de l’extraire directement de son subconscient. Et avec Hardcourage, il semblerait qui ait réussi. Sa musique semble naturelle, les chansons adoptent les formes les plus parfaites, l’escalade émotionnelle qu’elles procurent est à la fois subtile et incroyablement puissante.
A mi-chemin de terminer l’album, Lustman tomba amoureux, et l’objet de son affection devint très vite sa muse. Il fut chanceux à bien des égards : Hardcourage est plein d’enthousiasme, d’énergie et de détermination. On croirait tomber amoureux et n’en vivre que les meilleurs moments. Le premier titre, « Stay, I’m Changed », est bien plus qu’une simple piste qui se trouve au début : elle ouvre vraiment l’album, installe le ton et entraîne l’auditeur dans le monde qu’il contient. D’abord tentateurs, ses synthés, tels des cors, deviennent peu à peu plus urgentes, dramatiques, et intenses en émotions.
Le deuxième single, « She Sleeps » est le seul track chanté de l’album, avec un superbe et obsédant featuring d’Ed McFarlane des Friendly Fires. Les deux ont noué des liens autour de leur amour commun pour la musique garage (musique de laquelle il s’était éloigné pour son album, comble de l’ironie). On sent la collaboration instinctive, inspirée, deux grands esprits qui se rencontrent pour composer une chanson avec une pureté et une vulnérabilité rares dans la musique électronique.
« Finally Some Shit / The Rain Stopped » ressemble à l’envol du blues. Le crépitement des percussions nous fait penser à la pluie tombant sur un pare-brise, la ligne de basse conductrice est comme une décision renouvelée mise en musique. Selon Lustman, « Hardcourage illustre le courage d’avancer quand tout est dans les limbes », et cela n’a jamais été aussi évident qu’ici.
Le premier single de l’album, « Straight and Arrow » résume la direction musicale prise par Lustman pour Hardcourage. En s’éloignant d’une vision US du garage, il en résulte un style magistral de house et d’electronica atmosphérique et imbibée de soul. Comme on pouvait s’y attendre, Falty a imposé sa vision aussi bien à la fin de l’album qu’au début. « Claim » est bien partie pour être la plus belle chanson d’amour electronica. Tels des nuages qui passent, le cœur qui bondit, le monde qui semble carillonner de joie, c’est la fin parfaite de la déclaration d’amour parfaite : « je n’ai pas fait cet album dans l’intention de le partager intégralement », dit Lustman. Il est évident que cela lui a été très utile. Heureusement pour nous, il l’a tout de même partagé.