Le plus grand bosseur du show business ? Un soldat infatigable ? Appelez-le comme vous voulez, mais soyez sûrs d’une chose, DJ Vadim ne perd pas son temps.
Durant ces 10 dernières années, peu de gens ont mis autant de temps et d’énergie dans la culture qu’ils aiment. Fondateur de Jazz Fudge début 1995, directeur artistique, producteur, DJ, promoteur, collectionneur de disques, présentateur radio, peintre occasionnel, écrivain, producteur du groupe hiphop espagnol 7 Notas 7 Colorez (nominés aux Latin Grammy), Vadim a su s’occuper. Et sans parler, bien entendu, de ses performances de DJ qui l’ont envoyé dans tous les pays d’Europe (d’est en ouest), partout aux Etats-Unis, en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Japon, en Israël, en Turquie, en Amérique du Sud et en Asie du Sud Est rien que l’année dernière. Il s’est également produit aux côtés d’artistes tels que DJ Krush, Company Flow, The Roots, Pharcyde, Public Enemy, Beat Junkies, Dilated Peoples, Kraftwerk, Ed Rush, Morcheeba et Paul Weller de même qu’aux cours d’évènements comme Glastonbury and the Moscow Street Ball Festival (devant plus de 40 000 personnes !).
En 1992, Vadim Peare acheta un sampler et commença à bosser sur ce qui deviendrait « Abstract Hallucinating Gases » et « Headz Ain’t Ready » (tous les 2 sortis sur son propre label, Jazz Fudge). Un peu plus tard cette même année, il signa sur Ninja Tune et commença à travailler à son premier LP USSR Repertoire. De ces premiers enregistrements découla un album remix, USSR Reconstruction, avec DJ Krush, Kid Koala, Mark B et Silent Poets en featuring, plus divers maxis pour Ninja Tune et Jazz Fudge, une mixtape et un CD avec DJ Primecuts (champion du monde 99 de l’International Turntablist Federation et membre des Scratch Perverts). En 1999, il y eut le LP d’abstract funk : « The Isolationist », produit par Vadim, scratché par DJ Primecuts et avec les voix des « avant-rappers » de New York, Antipop Consortium (aujourd’hui signés chez Warp). Une tournée internationale effrénée s’en suivit, avec les Swollen Members, puis Company Flow, puis Jazz Fudge. Ce qui lui permit d’acheter encore plus de vieux disques, toujours plus obscurs.
Tout cela culmina dans son dernier album très acclamé, USSR : Life From The Other Side (Ninja Tune 1999). On y retrouvait Co Flow, Scratch Perverts, Iriscience (de Dilated Peoples), Blade et beaucoup d’autres. L’album causa un véritable tremblement de terre aux Etats-Unis à cause du titre « Your Revolution » avec Sarah Jones. La chanson fut interdite pour ses paroles explicites et provocantes, alors que Jones se borne à parodier les clichés du rap et du R ‘n B mainstream que l’on peut entendre à la radio tous les jours !
Afin de promouvoir l’album, Vadim constitua un groupe live – The Russian Percussion – avec Mr Thing (turntables), Killer Kela (beat box), Blu Rum 13 (MC), John Ellis (clavier) et lui-même. Il firent la bagatelle de 200 concerts dans près de 24 pays, dont la quasi-totalité de l’Europe et des Etats-Unis.
USSR – The Art Of Listening.
DJ Vadim revient avec son troisième album, USSR – The Art Of Listening et, encore une fois, il a mis la barre un peu plus haute.
…Listening a toutes les abstractions angulaires des précédents albums de Vadim, mais elles sont combinées ici avec une nouvelle profondeur musicale, un amour de la basse et un intérêt pour la musique et les mots du monde entier. Ainsi, aux côtés des MCs anglais Taskforce et Phi Life Cypher et de la crème de l’underground américain, Slug (Atmosphere), Gift of Gab (Blackalicious), Moshun Man et Vakill, on trouve TTC, Urzula Dudziak, la légende du jazz polonais (qui fut autrefois une source privilégiée de samples pour A Tribe Called Quest), Gruff des Super Furry Animals, Ade Soma et le Reverend Clevie Brown. Les tablas et les djembés se mélangent à des flûtes japonaises, des guitares brésiliennes, du spoken word, alors que d’obscurs sons de scratchs se fondent dans de brèves apparitions de jungle, donnant un résultat inattendu et spécial. Un album que Vadim qualifie de « très adulte mais pêchu et extrêmement musical ». Urbain mais expérimental, frais et différent, ce disque va plus loin, non seulement que ce qu’il a fait auparavant, mais aussi que beaucoup du hiphop d’aujourd’hui. Avec sa vue globale de la musique, sa nouvelle emphase sur la soul, The Art Of Listening est drôle, sérieux, unique.
Ceux qui savent écouter, entendront…