Le producteur hip-hop new-yorkais Tony Simon, alias Blockhead, revient avec son troisième et meilleur album instrumental pour Ninja Tune.
Blockhead a longtemps élaboré sa musique, belle et émotive, autours de templates hip-hop, mais sur « The Music Scene » il élève son art à un autre niveau. Tony s’est mis à l’utilisation de Ableton (célèbre logiciel de musique sur MAC) : plutôt que de travailler sur un beat basique puis construire quelque chose autours, le modèle standard dans le hip-hop, il a ficelé de nombreux rythmes entre eux, tissant ainsi des pièces musicales incroyablement élaborées, surprenantes et généreuses. Comme il le dit lui-même, « j’ai fait de chaque titre un voyage musical, comme je ne l’avais jamais fait auparavant ! »
L’ambition de Blockhead de « raconter des histoires sans mots » est évidente dès le premier morceau, “It’s Raining Clouds”, qui commence très downtempo, pour terminer presque drum n’ bass. Une épopée dans un album d’épopées.
Au cœur de l’album, le remarquable “The Daily Routine”, basée sur l’enregistrement d’un débat de drogués, explore les addictions ; « c’est la chanson la plus saisissante que j’ai faite » selon Blockhead. “Four Walls” dégomme la vague actuelle de l’autotune. “Which One Of You Jerks Drank My Arnold Palmer” tend vers le space rock ambiance hip-hop. “The Prettiest Seaslug” lie opium et beats brésiliens. “Tricky Turtle” commence très blaxploitation, tourne orgie voodoo et finit quelque part dans le Moyen Orient. “Farewell Spaceman” démarre comme un extrait de “Ma Sorcière Bien Aimée” et se clôture sur un voyage dans les étoiles des plus extatiques.
Bien que “The Music Scene” représente une évolution dans l’œuvre de Blockhead, ses convictions profondes au sujet de la musique et du rythme restent les mêmes. D’ailleurs, pendant qu’il ne travaillait pas sur son album, Blockhead proposait des productions pour Aesop Rock, DJ Signify, Joanna Erdos et plein d’autres, sans compter les remixes, pour Yameen et Chin Chin par exemple. Tandis que la scène musicale actuelle n’est qu’une version batardisée de ce qui a existé par le passé, le “Music Scene” de Blockhead, c’est tout le contraire, comme sa carrière. En retravaillant, redécoupant et mélangeant les samples, en les mélangeant entre eux,
Blockhead restaure plus que dilue leur pureté.