Insatiable en tant que Dj et aventureux dans ses productions, Illum Sphere représente à la fois un acteur clé de la scène musicale de Manchester et une présence unique sur la scène mondiale.
Ryan Hunn, alias Illum Sphere, fondateur des soirées mancuniennes Hoya:Hoya, a remixé Radiohead, tourné dans les plus gros clubs du monde et sorti sa musique chez des ambassadeurs de choix: 3024, Tectonic, Young Turks, et maintenant Ninja Tune où il a posé ses valises depuis quelque temps.
Suite à l’important engouement suscité, son album arrive enfin. S’il y avait bien quelqu’un capable de créer l’une des sorties les plus marquantes de notre époque c’était bien Illum Sphere. Et bonne nouvelle : il a vu les choses en grand. Ghosts of Then and Now a intentionnellement été conçu sans compromis aucun, comme un véritable album; au sens traditionnel du terme, rempli de titres on ne peut plus modernes, sans jamais renier pour autant les nombreuses influences de Hunn. Le morceau d’ouverture, le bien nommé «Liquesce» (avec Shigeto aux percus- sions) provoque un sentiment de bonheur épars. Composé d’un refrain obsédant et faussement familier, c’est le genre de ligne mélodique que vous écouterez pendant de nombreuses années. La chanson cesse brutalement (et astucieusement) dans une profonde inspiration, comme pour reprendre son souffle et se préparer à l’album à venir.
«At Night» démontre non seulement l’aisance d’Illum Sphere pour les parties vocales (imbriquant la magnifique voix de Mai Nestor de Facit dans sa musique d’une façon étonnamment efficace), mais aussi à quel point il repousse toujours plus loin les limites du genre. «The Road» est la première des trois fructueuses col- laborations avec Shadowbox, alias Bonnie Baxter. Les percussions imposantes aux sonorités industrielles fusionnent avec des synthétiseurs et boucles anxiogènes, des mélodies entêtantes, et vocaux singuliers, séduisants et inquiétants à la fois.
«It’ll Be Over Soon» monte progressivement autour d’un groove exploratoire et puissant pour déboucher sur un dénouement nerveux et frénétique, dans une démarche qui confine à l’existentiel. Les basses profondes et élémentaires des synthés S-F de «Lights Out in Shinjuku» entraînent l’album vers sa fin transcendantale avec «Embryonic». La dernière des trois collaborations avec Shadowbox est une participation des plus réussies. Une simple rythmique syncopée et une mélodie obsédante qui laissent soudainement place à des basses profondes com- me l’océan et à une délicate mélodie.
Ghosts of Then and Now est une preuve de plus que la musique électronique est en train de faire un pas de géant en avant. Ce disque fourmille d’idées aussi bien dans ses thèmes, ses textures, et son écriture, qu’il happera l’auditeur encore et encore. Voilà pourquoi il siègera aux côtés des plus belles réussites du genre.