Enfant légitime du sonar sous-marin et des gémissements nocturnes basses fréquences, Santogold est né quelque part entre Bedstuy et Bushwick, Brooklyn, et a été placé sous la protection de l’énigmatique chanteuse et compositrice Santi White.
Les précédentes progénitures musicales de White ont prouvé leur profondeur plus que leur clinquance. Auteure et productrice d’un album vantant les singles au top du Billboard (le top 50 US), et menant les voix sur deux albums de son indescriptible groupe Stiffed, Santi White a assurément beaucoup de facilité à puiser à partir d’horizons très divers des sons à la fois pertinents et divertissants, ce qui la rend unique dans le paysage d’aujourd’hui.
Absolument pas effrayée pour s’aventurer au-delà du mainstream, White propose avec son nouveau projet, Santo- gold, de réunir influences dub et pop 80’. Parfois rock, parfois Bananarama-soundclash,Santogoldpermet à White de marier paroles engagées de fin de soirée et délires rythmiques. Basses mélodieuses, beats exotiques et claquements du sud profond accueillent les couplets tendus et tourmentés et les murmures de White. Sans véritable formation de groupe officielle, les ingrédients n’en sont pas moins nombreux : hors-la-loi de western spaghetti, racines rock et blips digitaux sont tissés ensemble par les incomparables mélodies de White. Tandis que White et John Hill, alias Johnny Rodeo (bassiste de Stiffed et membre de Shitake Monkey, équipe de producteurs pour Nas, J. Lo, …) forment le noyau dur de cette création, l’univers de Santogold est enrichi par la participation de djs et de kids de toutes parts qui ont rallié la cause et offrent ainsi un large et riche panel de morceaux. Disco D, Switch, Sinden, Freq Nasty, Diplo, Radioclit, le guitariste Clifford « Moonie » Pusey de Steel Pulse, le batteur de BadBrains, Chuck Treece, Naeem Juwan de Spankrock, M.I.A, les nowboarder/chanteur-compositeur, Trevor « Trouble » Andrew. Chaque participant sculpte le son autour des paroles candides et des mélodies vocales de White, élargissant ainsi le champ sonore de Santogold.
Assise sur le bord de la piste de danse, Santi White pourrait vous parler de son enfance. Philadelphie, sa ville natale, Brooklyn aujourd’hui. Son horizon sans limite. Les rues, son terrain de jeu et le comportement humain, sa muse. La musique son arme.Sans doute rirait-elle en lançant la tête en arrière.Vous lui demanderiez ce qu’elle fait dans la vie. « Je fais de la musique » répondrait-elle. Et vous : « Ah. Quel genre de musique ? » Et elle vous regarderait bien dans les yeux « C’est ma chanson que le DJ vient de passer ! » Vous auriez de quoi être sur le cul. Car n’étiez-vous pas en train de noter à quel point cette chanson faisait converser les voix de votre passé avec votre futur ?
Cela n’était-il pas en train d’irriguer de chaleur vos veines ? Comment les morceaux de White parviennent-ils à ressus- citer les joies et les peines de l’adolescence au milieu du traintrain de l’age adulte ? Une fois de plus, était-ce ce à quoi vous vous attendiez ?
En ce moment, peut-être est-elle en train de composer, ou d’enregistrer, ou tout simplement de faire la sieste sous la table du studio. Mais quelque soit l’activité de Santi White, une chose est claire : tout ce qu’elle a dans les tripes, elle l’a mis dans Santogold. Et ça, c’est tellement rare.